Les césars 2020 furent mémorables, parce qu’avant la cérémonie, la grande famille du cinéma français, une partie du moins et la plus renommée (Omar Sy, Marina Foïs, Michel Hazanavicius…) pétitionnait comme jamais réclamant une grande lessive de l’Académie et de fait, le départ de son patron, le contesté producteur Alain Terzian qui finissait, sous la pression, par démissionner. L’ambiance n’en demeurait pas moins électrique le soir même du grand show avec notamment le départ d’Adèle Haenel à l’annonce du césar pour la meilleure réalisation à Roman Polanski pour J’accuse, quittant avec fracas la salle, suivie par la cinéaste Céline Sciamma et quelques autres. Depuis l’Académie a complètement réformé ses statuts en faveur de la parité, viré ses «membres historiques» nommés à vie (dont Polanski) du conseil d’administration, elle s’est doté d’une direction à deux têtes avec le tandem Véronique Cayla (ex-patronne d’Arte et du Centre national du cinéma) et le cinéaste Eric Toledano (auteur avec son compère Olivier Nakache de quelques retentissants succès dont Intouchables). Pour la première fois, les membres de l’Académie n’ont pas reçu le traditionnel coffret rempli de dizaines de DVD des films sortis dans l’année afin de procéder au vote. Tout s’est déroulé par liens.
Année bizarre et tronquée
L’édition 2021 a lieu dans un tout nouveau contexte puisque depuis un an, les cinémas sont restés la plupart du temps fermés, que le Festival de Cannes a été annulé et que la fréquentation globale est en berne sur fond de poussée des plateformes. Une crise qui ne pouvait évidemment pas être anticipée. La cérémonie est annoncée pour le 12 mars avec Marina Foïs en maîtresse de cérémonie et les ultra-caustiques Laurent Lafitte et Blanche Gardin à l’écriture des punchlines. Les nominations viennent de tomber et reflètent une année bizarre, tronquée avec de nombreux titres prêts à sortir et restés au fond des placards et certains à peine sorti et aussitôt trappés (tel ADN de Maïwenn). Une autre actualité s’est invitée par surprise ce matin dans le timing de l’annonce des nominations puisqu’on apprenait que Dominique Boutonnat, patron du CNC, était visé par une plainte déposée en octobre. Son filleul de 22 ans l’accuse d’«agression sexuelle» et de «tentative de viol», des faits qui se seraient déroulés en août. L’enquête a été confiée à la police judiciaire de Nanterre et Boutonnat était en garde à vue ce mercredi matin pour répondre de ces accusations. Son entourage a indiqué à BFM TV qu’il les contestait.
La nouvelle est de nature à saisir tout le secteur, quand bien même la présomption d’innocence demeure. Ce proche d’Emmanuel Macron, imposé à la tête de la plus massive institution d’organisation et de soutien du cinéma français, contesté par le milieu qui le voyait comme un émissaire de la «start-up nation» a su jouer de sa diplomatie et, en harmonie avec le sens de l’histoire, s’imposer comme arbitre dans la transition houleuse entre l’ancien monde des césars et le nouveau, plus inclusif et paritaire. En octobre, par ailleurs, le CNC lançait à grande échelle une formation gratuite à destination des professionnels du cinéma contre les violences sexistes et sexuelles.
Anxiété sectorielle
C’est donc dans un contexte à nouveau extrêmement troublé que les noms des potentiels césarisés de l’année s’égrènent sur fond pandémique d’anxiété sectorielle et de cruel manque de perspectives. Le grand gagnant est Emmanuel Mouret avec ce que tout le monde s’accorde à tenir pour son meilleur film à ce jour, les Choses qu’on dit, les choses qu’on fait (treize nominations), suivi par la comédie grinçante et mal fagotée Adieu les cons d’Albert Dupontel et la romance fiévreuse Eté 85 de François Ozon, douze fois nommés chacun. Le succès surprise de la rentrée, l’excellent Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal apparaît dans huit catégories dont meilleure actrice pour Laure Calamy et du meilleur film. On trouve aussi dans cette dernière catégorie convoitée, le documentaire de Sébastien Lifshitz, Adolescentes. Il figure aussi d’ailleurs dans la catégorie du césar du meilleur film documentaire aux côtés d’Un pays qui se tient sage, sur les violences policières, signé David Dufresne ou encore le trop vite passé à la trappe Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes de Rodolphe Marconi, portrait sensible d’un jeune agriculteur en perdition dans son exploitation déficitaire.
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