Érigée dans la douleur et l'idée de revanche, la carrière du rappeur britannique MF DOOM a traversé les âges sans le voir déroger à ses principes philosophiques et esthétiques. Annoncée quelques heures avant le décompte de fin d'année, la mort du musicien remonterait au 31 octobre dernier. Il laisse derrière lui une œuvre d'une richesse inouïe, définissant tout un pan de l'histoire du rap.
MF DOOM le scandait sur le titre All Caps : “Just remember, all caps when you spell the man name”. Alors, conformément à sa volonté et en adéquation avec une carrière qui force le respect, son nom s’écrit en lettres capitales. L'annonce de son décès à l’âge 49 ans le 31 octobre dernier n’a été rendue publique qu’aux dernières heures du 31 décembre, via un post Instagram signé par son épouse, Jasmine. Prouvant que cette année 2020 ne nous aura définitivement rien épargné.
Deux frères
Sa voix profonde, son humour glaçant et ses productions conçues aux carrefours de genres auront fait de lui l’un des plus grands noms du hip-hop alternatif, sous-genre indéfinissable qui consisterait à pratiquer une musique d’esthètes, charriant les samples pointus et les influences électroniques plus dures. Enfin, c’est ce que l’on dit. Pourtant, MF DOOM, ne goûtait que peu d’être placé dans une case, même s'il a longuement officié aux côtés de pontes de cette scène : les Madlib et consorts, ceux du label Stones Throw (qui l’a d’ailleurs accueilli en son sein au début des années 2000). Ce qui le définissait sans doute le mieux, c’était son approche lo-fi, plus brute, celle d’un beatmaker-rappeur taillé dans la douleur et les errements de la vie.
Car la carrière de Daniel Dumile, son vrai nom, s’est façonnée comme elle vient de s’achever : dans la difficulté. Né à Londres, Anglais, mais Américain dans l’âme dès que ses parents emménagèrent à Long Island, il embrasse la culture hip-hop dans les années 1980 en réunissant le graff, le rap et la danse en tant que Zev Love X, l’un de ses nombreux alias – ses "personnages" comme il les appelait. Avec son frère DJ Subroc, il fonde le groupe KMD à la fin de cette décennie, hébergé chez Def Jam puis par le label Elektra chez qui leur premier album, Mr. Hood, sort en 1991. Déjà, les collages de bandes originales de films, de jazz, de soft rock, sont dédiés à une musique positive, parfois légère (comme le montre le single Peachfuzz), influencée par le mouvement Nuwaubian Nation – courant musulman proche de la Nation of Islam, mais qui s'en distingue par son rapport au corps et ses modes d’action plus pacifiste.
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Divertissement
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