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« Le Mystère Méliès », sur Arte : comment l'œuvre du cinéaste, entièrement détruite, a été reconstituée - Le Monde

Georges Méliès, en 1930.

Passé de la bottine à la bobine, de la « voie lacée » (comme le dit la formule plaisante d’Arte) à la voie lactée (qui orne le décor de certaines de ses fantaisies cinématographiques), Georges Méliès (1861-1938), promis comme ses aïeux au métier de la chaussure de luxe, et marié à une femme née dans le même milieu, échappera à ce destin qui, décidément, ne le bottait pas.

On l’occupe, dans la fabrique paternelle, à l’entretien des machines, ce qui profitera à ses futures inventions techniques et visuelles. Envoyé à Londres pour parfaire sa formation, le jeune homme préfère passer son temps dans les théâtres de magie, qui font florès, et particulièrement l’Egyptian Hall : une irrépressible passion est née.

A la mort du père, Méliès décide d’investir son héritage dans le rachat, sur les Grands Boulevards, du Théâtre Robert-Houdin, où se donnent des spectacles d’illusion et où l’on escamote des dames en public. Captivé par les premières inventions de caméras argentiques d’Edison et des frères Lumière, il invente à son tour ce qui lui servira, disait Louis Lumière, non « pas à enregistrer le réel, [mais à donner] naissance à un univers où l’imaginaire et le merveilleux règnent en maîtres ».

Son théâtre va le ruiner, mais Méliès se refait, grâce à des films dont la folle inventivité va progressivement bénéficier des apports techniques d’un premier puis d’un deuxième studio où il peut tourner à son aise. Sa renommée devient mondiale : partout, jusqu’aux Etats-Unis, ses scènes de féerie et ses « scènes à trucs » réjouissent le public, dont le fameux Voyage dans la Lune (1902), de près d’une heure, qui requiert trois mois de préparation.

Geste désespéré

Mais Méliès connaîtra à nouveau la ruine : il ne voit pas l’industrie du cinéma se développer et s’organiser et préfère s’accrocher à son indépendance artisanale. Et le public a envie de voir autre chose, les premiers films de Charlie Chaplin, par exemple… Ses studios ferment et, incapable de trouver des locaux pour y stocker ses films, Méliès, dans un geste aussi désespéré qu’orgueilleux, brûle les négatifs et bobines de 520 films tournés entre 1896 et 1913.

Après une première moitié biographique, l’excellent documentaire de Serge Bromberg et Eric Lange raconte par quel miracle – un tour posthume du magicien Méliès ? – des négatifs ont été retrouvés, aux Etats-Unis notamment, permettant la restauration progressive de 270 des 520 films perdus dont, à ce jour, quelque 200 sont visibles.

On laissera au téléspectateur le plaisir de suivre les méandres du récit : rachats et reventes ; visites de caves et greniers ; redécouverte de certains documents dans un état « chimiquement instable », d’autres mieux préservés ; restauration par des outils numériques qui rendent aux documents leur fraîcheur première ; minutieuse numérisation, image par image, des originaux, etc. Le tout orchestré par une collaboration franco-américaine entre Lobster Films (qui coproduit ce documentaire), le Centre national du cinéma et la Bibliothèque du Congrès.

La comparaison avec les copies qui étaient restées dans des collections privées est frappante, mais les amateurs de Méliès pourront en voir bien davantage puisque Arte.tv rend disponibles treize films en version restaurée, avec récitation de l’action en voix off – à la façon des bonimenteurs de cinéma – et des musiques d’accompagnement écrites à la manière de Camille Saint-Saëns ou d’Erik Satie.

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